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VERLAINE EMPLOYÉ

Verlaine avait fait ce voyage, d’abord pour s’éloigner de Paris, qu’il estimait beaucoup trop atteint de la fièvre répressive, comme il avait subi la fièvre obsidionale auparavant, et aussi pour flâner, en considérant ces monotones paysages du Nord qu’il affectionnait, en vidant des chopes de l’horrible bière aigrelette qu’il préférait aux plus crémeuses Bavière, et enfin pour présenter sa jeune femme à ses parents de Fampoux, de Lécluse et d’Arleux.

Il revint à Paris en septembre, quelques jours avant moi. Je lui écrivis pour lui faire part de la mort soudaine de ma mère, survenue à Arcueil le 29 septembre. Il ne vint pas aux obsèques.

Une lettre de condoléance, assez énigmatique, l’excusait. Je regrettai vivement et doublement son absence. Un jour de deuil comme celui-là, c’est une consolation d’être entouré de ses amis les plus chers. En outre, je revenais, juste la veille, d’un séjour forcé à Versailles, et je n’avais pas revu Paul depuis nos adieux rapides, rue du Cardinal-Lemoine, au milieu du vacarme de la canonnade, à la lueur des incendies de Paris pris d’assaut. Je ne savais rien de ses affaires domestiques. Je soupçonnais que mon ami n’était pas heureux. Ceci ajoutait à mon afffliction. Nous aurions eu tant de choses à nous dire ! Ma tristesse, en revenant des obsèques, en fut augmentée, quand, les assistants ayant regagné Paris, je restai seul avec ma sœur, dans cette petite maison de campagne d’Arcueil où ma mère ne s’était installée que pour mourir.

Voici la lettre par laquelle Paul me faisait part de ses sentiments de condoléance :


Le 30 septembre 1871.

Mon cher ami, ma mère t’a dit, n’est-ce pas, les choses qui m’empêchaient de me rendre à ton triste rendez-vous. Ta