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jurons les bons citoyens de ne s’abandonner ni au découragement ni à l’indifférence. Ils n’ont pas aujourd’hui le choix des moyens, qu’ils acceptent donc la lutte du scrutin qui leur est offerte, et que pas un d’eux ne manque à l’appel. » La Cloche, de Louis Ulbach, s’adressait aux hommes de cœur, aux honnêtes gens. « Qu’ils se montrent, qu’ils interviennent, et qu’ils ne se rendent pas complices par leur silence des intrigues bonapartistes et des machinations prussiennes. » Le Rappel pressait les maires et les députés de Paris d’agir dans le sens de l’apaisement. « On attend beaucoup d’eux, de leur patriotisme et de leur énergie. Mais qu’ils se hâtent ! qu’ils aient des délibérations un peu moins longues et qu’ils prennent des décisions un peu plus rapides. » Enfin, dans l’Opinion nationale jusque-là entièrement thiériste, M. G. Guéroult écrivait : « Justement parce que nous défendons la République, nous ne saurions nous taire devant les violences réactionnaires et les tendances monarchiques qui se manifestent à Versailles, au sein de l’Assemblée. Que la responsabilité des malheurs de la Patrie retombe sur les hommes de tous les partis, dont l’entêtement et le fanatisme jettent le pays dans une série d’aventures dont nul ne peut prévoir l’issue. » Et le même journal ajoutait par une note à part, en première page : « Nous n’avons pas besoin de le répéter. Nous demandons depuis onze ans que Paris ne soit pas exclu des droits communs et qu’il s’administre lui-même par un conseil librement élu. Mais il faut que cette élection se fasse régulièrement et sans surprise. » C’était dire aux maires et aux députés républicains, dont l’Opinion nationale était l’organe attitré : transigez !

La fameuse « Capitulation » était donc arrêtée dans les esprits avant d’être délibérée et signée. On ne conçoit pas bien pourquoi ces journaux, qui conseillaient si fort la