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policier et reprit ses papiers. Il voulut alors gagner l’escalier et s’enfuir avec sa serviette reconquise. Le commissaire sans scrupules tira un coup de pistolet, en. l’air, a-t-il dit. Protot ne fut pas atteint, mais l’éveil étant donné, le passage fut barré au jeune avocat, par les agents accourus. Bientôt emmené par Les policiers vainqueurs, il fut écroué. Cette arrestation mouvementée produisit une grande émotion. Le barreau intervint. Des consultations d’une haute portée juridique furent publiées. Le cabinet de l’avocat fut déclaré inviolable par les juges consultés, et les papiers, qui pouvaient s’y trouver au cours d’une perquisition, furent considérés comme insaisissables, au nom des droits sacrés de la défense. Protot fut relâché, sa serviette lui fut restituée, et il put défendre son client Mégy devant la haute cour.

Au 4 septembre, Eugène Protot, signalé par son passé de républicain de la première heure, fut élu chef d’un bataillon de la garde nationale. Il se montra l’adversaire résolu de Trochu et des autres membres du gouvernement de la Défense. Il fut l’avocat de l’un des prévenus pour l’affaire du 31 octobre, Vésinier, et obtint son acquittement.

Membre du Comité Central, Protot fut élu à la Commune par le XIe arrondissement. Il obtint 18,062 voix.

D’une haute taille, l’allure un peu lourde, le pas solide, ayant la démarche pesante d’un fils de vigneron, Protot, robuste bourguignon, avait sous la robe l’aspect professionnel des gens du palais, chez lesquels se retrouvent souvent les traces de l’hérédité rustique. Il était à peu près imberbe, avec deux ou trois bouquets de poils aux joues, et il paraissait plus jeune que son âge. La tête était énergique, le front haut, le nez droit, avec les yeux vifs. L’ensemble de sa physionomie dénotait la franchise, avec un peu de raideur native, et une fermeté acquise. La volonté se révélait dans