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Quevauvilliers affirma qu’on pouvait, qu’on devait résister. « Je réponds sur ma tête que nous sommes en force ! » répétait-il en regardant autour de lui pour solliciter une approbation. On ne l’écouta point, et MM. François Favre, maire des Batignolles, et Jobbé-Duval, adjoint au maire de Grenelle, furent délégués pour aller inviter MM. Brunel, Protot et ceux qui les accompagnaient, et qui attendaient au coin de la rue Richelieu et de la rue Neuve-des-Petits-Champs, à se rendre à la mairie. Tout le long de la rue Neuve-des-Petits-Champs, les deux maires furent acclamés par la foule, heureuse de voir tout le monde enfin d’accord. M. Jobbé-Duval se jeta dans les bras de Brunel et l’embrassa aux applaudissements des assistants.

Une scène analogue se passait en même temps, de l’autre côté de la mairie de la rue de la Banque, rue Croix-des-Petits-Champs, Maxime Lisbonne l’a racontée ainsi :

En arrivant à la rue Croix-des-Petits-Champs, nous trouvâmes une barricade qu’avaient élevée contre nous les gardes nationaux de la réaction. Mais comme il ne fallait pas leur laisser croire que le quartier général qui s’était installé à cette mairie pouvait nous en imposer, je sommai les fédérés de l’ordre, comme ils s’intitulent, de nous livrer passage et m’apprêtai en même temps à attaquer la barricade.

Au même instant, M. Tirard, maire du Ile arrondissement, survint, se jeta dans les bras de quelques fédérés, et, en les embrassant, il fit appel à la concorde. On nous laissa passage. Brunel, Protot et moi, nous montâmes à la mairie, afin de nous entendre s’il se pouvait.

(Maxime Lisbonne. Souvenirs inédits, chap, IV.)

CONDITIONS DE BRUNEL ET DE PROTOT

Le général Brunel, introduit dans la salle du Conseil, prit aussitôt la parole avec fermeté, mais sans élever la voix, sans attitude menaçante.