Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/339

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

NOMINATION DE GÉNÉRAUX

Le Comité Central, après avoir procédé à la mise en arrestation du traître Lullier, prit aussitôt des mesures pour le remplacer, qui parurent l’indice d’une action énergique prochaine.

Il délégua les pouvoirs militaires aux citoyens Brunel, Duval et Eudes, avec le titre de généraux. Tous trois étaient actifs, intelligents et braves, mais le premier seul, ancien officier de l’armée, avait des connaissances militaires. La bonne volonté et le courage ne suffisent malheureusement pas pour remporter des victoires. Il était dit, dans le décret de nomination daté du 24 mars, que les nouveaux officiers généraux devraient agir de concert, en attendant l’arrivée de Garibaldi, acclamé comme général en chef.

Garibaldi avait été en effet proclamé général en chef de la garde nationale, à l’assemblée du Waux-Hall du 25 mars. C’était un hommage sentimental et une nomination platonique. Les délégués voulaient atténuer pour le héros de l’indépendance italienne, pour le glorieux soldat de Nuits et de Dijon, l’outrage fait à Bordeaux. On comptait aussi sur le prestige de son nom pour flatter les gardes nationaux et apaiser les compétitions des chefs. Mais les esprits avisés se doutaient d’un refus probable. Il était à prévoir que Garibaldi, après avoir été si mal récompensé par les ruraux d’avoir mis son épée et son nom au service de toute la France contre les Prussiens, ne reviendrait pas de son Italie, où on l’avait insolemment renvoyé, pour se mettre à la tête d’insurgés. Il ne pouvait devenir un général de guerre civile. On avait d’ailleurs négligé de le consulter. De l’ile de Caprera, il écrivit une lettre au Comité Central, pour le remercier de l’honneur qu’on lui avait fait, mais en