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donc un de ces prisonniers politiques, comme Alphonse Humbert, Gaston Da Costa, Trinquet, que la répression versaillaise envoya au bagne et voulut confondre avec les condamnés de droit commun. Il fut interné à l’île Nou, puis à la presqu’île Ducos ; c’est là qu’il écrivit ses « Souvenirs », datés du camp de Tindu, pour lesquels aucun éditeur ne fut rencontré, mais dont on trouvera de nombreuses citations, d’après l’original, au cours de cet ouvrage.

Revenu en France à la suite de l’amnistie, Maxime Lisbonne, pour vivre, reprit son ancienne profession de directeur de théâtre. Il dirigea des scènes de quartier, le théâtre de la Chapelle et les Bouffes-du-Nord, où il donna entre autres pièces intéressantes : Nadine, de Louise Michel, et Germinal, d’Émile Zola, dont la représentation avait été interdite au Châtelet. Il monta des établissements, genre montmartrois, qui eurent assez de vogue, comme le Bagne, situé à l’angle de la rue des Martyrs et du boulevard Clichy, Le Casino des concierges, rue Pigalle, Le Jockey club de Montmartre, rue La Rochefoucauld, les Frites, les Brioches révolutionnaires, etc., etc.

Le Cabaret du Bagne, où l’on était servi par des garçons coiffés de bonnets verts, avec la carmagnole rouge, fut de toutes ces entreprises fantaisistes celle qui réussit le mieux. Il fut heureusement secondé dans ses diverses entreprises par sa courageuse femme qu’il avait retrouvée, confiante et dévouée, à son retour de la Calédonie. Elle l’a soigné affectueusement durant les longs mois de sa dernière maladie. Il s’était retiré dans une modeste maisonnette à la Ferté-Alais, ayant une petite recette buraliste. Il s’est éteint là, souffrant de pénibles oppressions cardiaques, un peu isolé et oublié, le 25 mai 1905. Il venait d’avoir 66 ans. Olivier Pain fils, qui l’a visité quelques