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d’un avocat de ses amis, avait présenté une requête au ministère des finances, afin d’obtenir la réversibilité d’une indemnité due à son père. Il s’agissait d’un rappel de solde. Officier, décoré de juillet et chevalier de la Légion d’honneur, le père de Lisbonne avait été nommé, en 1848, capitaine dans la garde républicaine, à sa fondation. Cette garde faisait partie de l’armée régulière. En 1851, cet officier refusa son concours au coup d’état et fut mis en réforme. Il n’avait pas reçu sa pension de réforme, liquidée seulement quand il mourut. Comme héritier, Maxime Lisbonne crut, avec raison, devoir réclamer au gouvernement républicain le réglement de cet arriéré. Il eut à cet effet une audience du ministre des finances, Ernest Picard, qui l’éconduisit avec de belles promesses. Il fut, peu de temps après, nommé membre du Comité Central, à la réunion des délégués du Xe arrondissement, rue Dieu, et il fallut les instances d’Arnold et d’autres citoyens pour lui faire accepter ce mandat. Il l’avait d’abord refusé, en alléguant que sa situation d’artiste dramatique et quatre années de direction théâtrale l’avaient un peu éloigné des choses de la politique. Il ajoutait qu’on trouverait aisément des citoyens plus capables de rendre des services, et avant plus de titres que lui. Il céda cependant, mais ne siégea presque jamais au Comité, se bornant à commander sa légion et à se battre. Le 20 mars, il se trouvait à l’Hôtel-de-Ville avec Lullier et, comme secrétaire d’état-major, il recevait les délégués des bataillons. Une dame Gérard vint le trouver de la part du colonel Charles Duval, celui à qui il avait écrit pour refuser la croix, après l’affaire de Bagneux. Cette dame lui remit une lettre où ce colonel Duval disait qu’il avait vu M. Ernest Picard, que l’affaire de l’arriéré de solde du père de Lisbonne était arrangée, qu’une somme de six mille francs était à sa disposition, mais qu’il fallait que le bénéficiaire