Page:Leon Wieger Taoisme.djvu/386

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

disent, avec un sourire dédaigneux, les Sages taoïstes. — Suit la comparaison célèbre du soufflet universel, à laquelle les auteurs taoïstes renvoient très souvent. Elle sera encore développée dans le chapitre suivant. — Conclusion, c’est là tout ce que l’on sait du Principe et de son action. Il produit l’univers fait d’êtres ; mais l’univers seul lui importe, non aucun être. Si tant est que l’on puisse employer le terme importe, d’un producteur qui souffle son œuvre sans la connaître. Le Brahman des Védantistes a du moins quelque complaisance dans les bulles de savon qu’il souffle ; le Principe des Taoïstes non.


Chap. 6. Texte.


A. La puissance expansive transcendante qui réside dans l’espace médian, la vertu du Principe, ne meurt pas. Elle est toujours la même, et agit de même, sans diminution ni cessation.

B. Elle est la mère mystérieuse de tous les êtres.

C. La porte de cette mère mystérieuse, est la racine du ciel et de la terre, le Principe.

D. Pullulant, elle ne dépense pas. Agissant, elle ne fatigue pas.


Résumé des commentaires.

Il ne faut pas oublier que l’œuvre de Lao-tzeu ne fut pas divisée en chapitres primitivement, et que la division, faite plus tard, est souvent arbitraire, parfois maladroite. Ce chapitre continue et complète les paragraphes C et D du chapitre 5. Il traite de la genèse des êtres, par la vertu du Principe, lequel réside dans l’espace médian, dans le sac du soufflet universel, d’où tout émane. Les paragraphes A et B, se rapportent à la vertu du Principe ; les paragraphes C et D, au Principe lui-même. Le terme porte, idée de deux battants, signifie le mouvement alternatif, le jeu du yinn et du yang, première modification du Principe. Ce jeu fut la racine, c’est-à-dire produisit le ciel et la terre... En d’autres termes, c’est par le Principe que furent extériorisés le ciel et la terre, les deux planches du soufflet. C’est du Principe qu’émane tei la vertu productrice universelle, laquelle opère, par le ciel et la terre, entre le ciel et la terre, dans l’espace médian, produisant tous les êtres sensibles sans épuisement et sans fatigue.