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quoi cette régularité dans le chaos ! Le monde et la vie sont bien beaux, n’est-ce pas ? Ah ! vous ne savez pas, Pauline, tout ce que j’ai dans le cœur. J’étouffe par moments ! Ce n’est pas assez de vous aimer, de vous rendre heureuse ; j’aime tous les hommes, Dieu, la nature entière, et j’aurais besoin de faire des choses sublimes, seulement pour être heureux !

— Rêveur ! dit Pauline, en souriant.

Ils remontèrent jusqu’au banc où ils avaient laissé mademoiselle Dubois, mais elle n’y était plus. Ils l’appelèrent, elle ne répondit pas. Alors ils prirent dans le bois par le chemin qui va rejoindre la route de Savigny ; après quelques minutes de marche, ils rencontrèrent une vieille femme qui ramassait les fruits tombés du sapin, qu’elle nommait des pives, et qu’elle offrit de leur vendre et de porter chez eux, en les appelant monsieur et madame. Pauline riait. Albert, plus généreux qu’un riche, acheta les pives et ne les accepta pas. Cette femme leur