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En contemplant ces espaces élevés, immenses, tranquilles, si différents du reste de la terre, en voyant ces neiges étincelantes se mêler aux magnificences du ciel, on croirait découvrir le pays des rêves, la région des merveilles féeriques, inventées par l’imagination enfantine de l’humanité.

Nos promeneurs s’arrêtèrent sur le pont de la Vuachère, prenant plaisir à voir le torrent grossi écumer parmi les rochers. La fonte des neiges commençait, et les torrents, qui, tout le reste de l’année, traînent au fond de leurs escarpements un mince filet d’eau, s’enflent alors subitement, deviennent impétueux et ravagent souvent leurs bords. Ensuite Albert et ses compagnes, continuant leur route, montèrent, s’élevant de plus en plus sur le mont arrondi, au milieu des primevères et des pâquerettes qui de toutes parts souriaient, ébahies, au soleil renaissant. Parvenus au sommet, de l’autre côté d’une prairie entourée d’admirables perspectives, ils entrèrent dans les bois de Rovéréa.