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trevoyait sur les flancs du ravin des vaches qui paissaient.

Mais ce qui dominait tout dans le paysage, c’était la chaîne des Alpes, qui, blanche encore, se dressait de l’autre côté du lac et s’étendait au nord en cimes de plus en plus élevées. Mademoiselle Dubois nommait à Albert ces géants familiers des rives du Léman. C’étaient, au premier plan, dans les Alpes de la Savoie, la Dent d’Oche, les cornettes de Bize ; la Chaumany toute découronnée, et dont la tête autrefois, dit-on, roula dans les abîmes du lac ; puis, au delà de l’embouchure du Rhône, à l’entrée du Valais, la Dent de Morcles, éblouissante sous le soleil, et dont les cimes cuivrées se confondaient si bien avec les nuages, qu’on ne pouvait dire où s’arrêtait le roc, où commençait le ciel ; le grand Moeveran avec son glacier ; les tours jumelles de Mayen et d’Aï, deux blocs si escarpés, que la neige s’y attache rarement, et qui, sombres, se dressent au-dessus des neiges inférieures.