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rayonnait dans les fleurs, dans les feuilles, dans les cris des oiseaux, dans les yeux des hommes ; et toutes les bouches et toutes les poitrines s’ouvraient pour aspirer cet air pénétrant et mou qui enivre.

Il y avait au bout du jardin de mademoiselle Dubois, du côté du midi, un bosquet de lilas déjà touffus, dont les fleurs commençaient à s’épanouir. Les marguerites blanches et roses, les primevères doubles d’un rose lilacé, les narcisses, les jacinthes embaumées et les crocus bleus s’ouvraient en foule sur le bord des allées. Mademoiselle Dubois, un râteau à la main, semait de petites graines dans les plates-bandes ; elle sarclait, elle émondait. Son moineau la suivait en picorant, et tout à coup, poussant un petit cri, il s’envolait à tire-d’aile, tout inquiété par sa propre sève et par ces cris amoureux qui partaient des bocages. Sous prétexte d’aider à Marie, Albert et Pauline se rendaient au jardin ; mais, comme des enfants volages, ils quittaient le travail au