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Pauline prenait les leçons d’allemand chez sa sœur, dans le petit salon où mademoiselle Dubois se tenait habituellement. Assise à une table en face du jeune homme, souvent, par mégarde, les cheveux bouclés de Pauline effleuraient le front d’Albert, et leurs mains se touchaient en se passant la plume. Pauline riait si gentiment des fautes qu’elle faisait dans ses versions, elle avait, pour interroger son professeur, un regard à la fois si candide et si pénétrant, que peu à peu Albert se sentit mal à l’aise en face de son élève et que lui-même parfois il fit des bévues comme un écolier. L’allemand n’en allait pas mieux. On traduisait Werther. Quoique mal traduit, il fit une ou deux fois pleurer Pauline ; et combien de fois il les fit rougir !

Témoin silencieux de la leçon, mademoiselle Dubois jetait quelquefois sur les deux jeunes gens un regard étrange. Y avait-il de la tristesse, de l’impatience, ou du mépris ?

Chose étonnante ! Albert, de plus en plus