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— Vous vous moquez, répondit-il. Mais pourquoi cette plaisanterie ? Quel besoin avez-vous de plaisanter, Marie, aujourd’hui, en ce moment ?

— Cher ami, reprit-elle en souriant, je vais vous raconter un conte de fées.

« Quand j’étais petite, j’avais un parrain de vingt ans qui m’aimait beaucoup. Il me prenait sur ses genoux, m’appelait sa petite femme, et me faisait promettre de l’épouser lorsque je serais grande et qu’il serait riche. Il partit pour le Brésil ; on n’eut pas de ses nouvelles, et bientôt on ne pensa plus à lui ; moi-même, ingrate, je l’avais oublié. Cependant il se souvenait de moi. N’ayant plus de parents, il est mort en me léguant sa fortune. C’est ce que venait m’apprendre mon notaire le jour où j’ai quitté Lausanne, quand il vous a rencontré. Nous avons trois cent mille francs, continua-t-elle en remettant un portefeuille à Albert, et j’en ai donné cinquante mille à Pauline, qui est maintenant la femme de Samuel, sans compter dix