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famille, ni celui de la ville ni du district où elle se rend ; seulement, elle annonce qu’elle ne reviendra pas avant dix ans. Tout cela ne me surprend qu’à demi, car j’ai toujours connu ma cousine pour une personne très-originale.

Cette nouvelle portait le coup mortel aux espérances d’Albert. Eût-il été millionnaire — et il n’avait pas même de quoi se rendre au Havre — c’eût été folie complète que d’entreprendre la recherche d’une femme dans une foule de vingt millions d’individus. Il fallait donc y renoncer. Il avait rencontré le seul être qu’il pût aimer avec délices, il le sentait bien. Il savait qu’elle était malheureuse à cause de lui, il savait qu’il serait toujours malheureux loin d’elle. La vie se trouva tout à coup pour lui dépourvue d’intérêt et d’espérance, maladie mortelle. Une fièvre le saisit et le mit en danger.

Heureusement il se trouva, pour soigner le pauvre Albert, deux femmes dévouées comme une mère et comme une sœur. C’étaient madame Leüg