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souvent insuffisant, la misère, dit-on, tue bien vite l’amour. Si les femmes les plus jeunes et les plus aimables ont cet écueil à craindre, comment oserais-je le braver ?

« Albert, tout m’ordonne de vous sauver de votre folie. Soyez courageux, mon bien cher ami. Et, pour ne pas m’en vouloir, cherchez à deviner tout ce que je souffre, et songez à tout ce que je sacrifie. Vous reconnaîtrez plus tard que j’ai eu raison. Ne cessez pas tout à fait de m’aimer, Albert ; nous nous reverrons un jour… quand je serai tout à fait vieille et quand vous serez marié. Je ne pourrais vous dire adieu pour toujours. Albert, ne me maudissez pas. Je ne vivrai plus, moi, que de votre pensée. Adieu. Soyez fort. Soyez l’ami de vous-même en mon absence. Adieu, mon Albert ! »

Au-dessous de cette ligne, la plume, en essayant de tracer quelques mots encore, n’avait fait, sur le papier trempé, que des tâches bleuâtres. Tout au bas de la page, Albert vit ce mot,