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mour éclatait sur son visage et dans tous ses actes, il n’osait ou ne voulait pas en prononcer le nom, et Marie serait morte d’angoisse plutôt que de le prononcer la première. Elle avait gardé sur ce point ses timidités de jeune fille. Il fallait donc attendre. Mais chaque instant rendait une séparation plus difficile. Albert ne la quittait plus. Si elle se renfermait dans sa chambre, elle savait qu’il était là, dans l’allée du jardin, en face de sa fenêtre, et elle ne pouvait s’empêcher d’y jeter les yeux.

Elle sortit furtivement un jour, espérant trouver, dans la solitude au milieu de la campagne, un peu plus de courage et peut-être une bonne inspiration. Albert s’aperçut bientôt de son absence et sortit aussi dans l’espoir de la rencontrer. Après avoir longtemps marché sur la route du côté de la Sallaz, il revint sur la petite place plantée d’arbres qui est devant le vieux cimetière, et il alla s’asseoir sur un banc qui regarde le ravin en face du Signal.