Page:Leo - Une vieille fille.pdf/142

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Albert, murmura-t-elle, vous savez que je vous aime… À demain. Bonsoir.

— Bonsoir, dit-il en l’attirant à lui.

Elle le repoussa d’abord ; puis elle céda, par crainte qu’il ne devinât ses appréhensions. Mais elle s’en repentit aussitôt, car ce baiser-là n’était pas un baiser d’autrefois.

Le lendemain, mademoiselle Dubois avait repris son vieux bonnet. Albert insista pour qu’elle mît l’autre. Ce fut en vain. De dépit il se renferma dans sa chambre, figura au dîner sans dire un seul mot et sans regarder une fois son amie, puis il sortit jusqu’au soir. Au souper, comme il affectait encore de ne pas la regarder, elle dit :

— J’ai un peu mal à la tête. Ne me trouvez-vous pas changée, Albert ?

Il poussa un cri de joie. Elle avait mis le bonnet bleu. Il se leva vivement, alla près d’elle et lui baisa la main en lui disant : Merci ! Puis il fut toute la soirée d’une gaieté charmante.