Page:Leo - Une vieille fille.pdf/12

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’interrompait la butte du Signal avec sa cahute, ses roches touffues, ses bois, et au-dessous l’abrupte prairie de Montmeillan, que sépare en deux moitiés vertes un sentier tout blanc, onduleux comme un ruban déroulé. Le lac resplendissait sous le soleil couchant ; des voiles blanches flottaient à sa surface, et deux bateaux à vapeur se croisaient, l’un venant de Genève, l’autre allant à Morges, dont les toits étincelaient au fond de sa baie entre des masses de verdure. On n’apercevait de ce point qu’une partie des Alpes et de la Savoie : c’est-à-dire, au-dessus de collines riantes, d’énormes blocs fauves, rugueux, hérissés, que dorait la lumière. Au premier plan, la cathédrale de Lausanne se détachait sur le fond du lac ; puis les murs de la Cité se dressaient à pic sur le ravin, — les uns recrépis, les autres sales et enfumés, avec des galeries haillonneuses, — terminés par le spectre encore imposant du vieux château épiscopal, rapiécé en bourgeois du xixe siècle. Sur les bords du petit torrent,