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— Albert ! Samuel ! dit mademoiselle Dubois d’une voix haute et vibrante, écoutez-moi. Je vous adresse la prière la plus vive et la plus sincère que vous ayez jamais pu entendre. Réunissez tous vos soins, toutes vos forces, toute votre attention sur Pauline. Vous ne pourriez nous sauver toutes les deux, et moi je ne regrette pas de mourir. Si vous cherchiez à me sauver, ajouta-t-elle avec résolution, je vous repousserais.

Elle étendait la main en parlant ainsi, et sa pose, son air, sa voix, tout était sublime. Albert la contemplait, quand il sentit Pauline s’attacher à ses genoux en criant :

— Oui ! oui ! sauvez-moi ! C’est moi qu’il faut sauver.

Il la repoussa du pied et marcha vers Marie.

Ils se regardèrent ; jamais regard n’échangea plus profondément deux âmes. Albert entoura de ses bras la taille de son amie et lui dit :

— Nous allons mourir ensemble. Je vous aime !