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Mais leurs efforts suffirent à peine à les maintenir en ligne. Ils s’épuisaient en vain. La bise, qui soufflait de la côte et s’élevait de plus en plus, s’opposait à leur retour. Cette côte riante, qu’ils venaient de quitter tout à l’heure, semblait les rejeter pour toujours.

Après des efforts inouïs, mais inutiles, ils se regardèrent, pleins d’angoisse et découragés.

Albert fit des signaux de détresse qui ne furent point aperçus.

— Il n’y a pas deux partis à prendre, dit Samuel, filons en Savoie avant que la tempête soit plus forte. Sur trois lieues, nous en avons bien fait une ; nous pouvons arriver.

— N’y a-t-il pas d’autre moyen ? demanda mademoiselle Dubois.

Mais sa voix fut couverte par les cris de Pauline qui venait de comprendre le danger. Elle prétendait retourner au port et ne voulait entendre à rien autre chose ; elle pleurait, se désolait, et faisait des reproches à Albert et à Samuel.