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gris-bleu, vifs et doux, ses joues épanouies, ses larges épaules, une expression de franchise et quelque peu de rusticité, accusaient un montagnard suisse, de vingt-cinq ans environ.

Il s’arrêta quelque temps à contempler le paysage ; puis, voyant à sa droite, au-dessus d’une tonnelle, cette enseigne engageante pour un homme épuisé de chaleur et de soif : Au Reposoir, chez Rappaz, il se dirigea de ce côté, pénétra sous la tonnelle, choisit une table où il n’y avait pas de buveurs, et, d’un accent qui certifia son origine allemande, il demanda qu’on lui servît du pain, du fromage et une quartette de vin.

Au bout d’une heure, il était encore dans ce lieu, accoudé sur la palissade qui borde le versant, regardant et rêvant ; car il y a des heures où la rêverie et la contemplation se confondent, où l’on cherche l’avenir dans les brumes de l’horizon. Sous ses yeux, au loin, s’étendait la ligne ballonnée du Jura, bleue comme l’azur même,