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loris des petites roses. Une question qui souvent lui était venue aux lèvres s’en échappa tout à coup. Chère amie, demanda-t-il, quel âge avez-vous ?

Mademoiselle Dubois tressaillit et ne répondit pas tout de suite. Elle laissa échapper la branche d’églantier, dégagea sa robe, respira le parfum des roses, et dit enfin d’un ton léger :

— Vous n’êtes guère poli, Albert, de me faire une telle question.

— Pourquoi ? dit-il. Assurément vous êtes supérieure à cette vanité-là. Et puis, vous ne pouvez être vieille. Je croirais plutôt que vous cachez votre âge, au rebours des autres. Oui, il y a quelque chose d’étrange en vous, à cet égard. Quand on vous voit tout d’abord, avec cette figure froide et immobile que vous avez pour tout le monde, et surtout avec ces vêtements de forme si ample et si antique, on se dit tout de suite, — pardonnez-moi le mot, puisque vous ne le méritez pas, — on se dit : C’est une vieille fille. Mais