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— Oh ! vous me faites des questions comme à un petit enfant qui ne sait pas lire. Demande-moi si je t’aime aussi.

— Mais non, Michel, c’est à vous de me faire cette question-là, car vous doutez que je vous aime.

Il rougit.

— Je n’en doute pas, Lucie, je n’en doute pas ! Si je croyais que vous ne m’aimez plus, je ne serais pas vivant.

— Ne vois-je pas à votre air que vous êtes coupable ? reprit-elle. Vous rougissez d’avoir eu des pensées que vous ne m’avez pas dites et des peines que vous m’avez cachées, à moi !

— Oh ! c’est que vous m’avez commandé la patience, et je n’en ai pas.

— Quoi ! vous me faites cet aveu ! Michel, réellement, vous n’en avez point ?

— Non, ma Lucie, non, ça n’est pas possible ! Où voulez-vous que j’en prenne, mon Dieu !

— Hélas ! reprit-elle avec un tendre sourire, je serai donc bien malheureuse avec vous ! Sans patience, mon ami, vous serez un mari détestable.

— Vous savez bien qu’alors je n’en aurai plus besoin. Regardez-moi, Lucie. Qu’est-ce qu’il y a dans vos yeux ? du bonheur ! Oh ! parle-moi bien vite !

— Michel, appelez-moi votre femme !

Il fit un cri. Puis, craignant de se méprendre :

— Ma femme ! dit-il en la serrant dans ses bras avec trouble. Quand le serez-vous ?

— Quand vous voudrez, Michel, nous avons le consentement de mes parents. Michel ! ne regardez pas ainsi, on dirait que vous devenez fou ! Mon ami, ô mon cher ami ! pleurez avec moi, nous sommes trop heureux !

Le soleil levant perçait les rameaux de ses rayons d’or,