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comme ça que vous devez renvoyer Michel après ce qui s’est passé.

— Non, reprit la mère, tu nous as abandonnées à son dévouement, et à présent tu le chasses ! Tu ne sais donc pas, Fortuné, que c’est entre ses bras que ta fille est morte ?

Le pauvre homme retomba sur sa chaise foudroyé.

— Embrasse-le et remercie-le, reprit-elle. Nous parlerons plus tard de ce que j’ai dit ; mais quoi qu’il arrive, Michel est notre ami désormais.

Le jeune homme alla se jeter dans les bras de M. Bertin, serra la main de Lucie, baisa avec effusion celle de Mme Bertin, embrassa Gène, et sortit en disant :

— Je reviendrai savoir de vos nouvelles dans la matinée.

Il revint en effet, pourvut à tout ce qu’il fallait faire, courut à Gonesse porter une lettre pour Gustave, afin qu’elle arrivât le soir même à Poitiers, se chargea des préparatifs les plus cruels et leur donna par sa seule présence un peu de douceur et de consolation.

L’enterrement de Clarisse se fit avec pompe, Mlle Boc orna l’autel de roses blanches et imagina de faire porter par six jeunes filles habillées de blanc le cercueil jonché de roses blanches et de fleurs d’oranger. On n’avait rien vu de tel à Chavagny, et la foule fut attendrie jusqu’aux larmes. Mme Bertin en parle encore avec reconnaissance. Au bord de la fosse, M. Bertin et M. Bourdon se rencontrèrent. Celui-ci tendit la main au malheureux père, et ils s’embrassèrent. Mais une réconciliation complète n’eut pas lieu entre les deux familles, Mme Bourdon n’est pas de celles qui pardonnent.

Depuis la mort de Clarisse, Michel eut ses entrées libres dans la maison Bertin. Il prit peu à peu l’habitude d’y passer tous les dimanches. Le matin il travaillait au jar-