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Tout le monde était réuni. — Voici le moment de se quitter, dit Mme Gavel en s’adressant à Mme Bourdon. Allons, madame, c’est une courte séparation. Vous avez promis d’aller bientôt visiter votre fille.

— La visiter ! Oui ! dit Mme Bourdon en fondant en larmes, tandis que sa fille l’embrassait étroitement.

— Madame, dit Gavel, je sens combien je suis coupable de vous enlever votre trésor ; mais veuillez me pardonner en considérant combien mon cœur est pénétré de son nouveau bonheur et de ses nouveaux devoirs.

— Oui, oui, vous pouvez vous fier à lui, répondit Mme Gavel, Fernand a toujours été bon fils, il sera bon mari et bon père.

Aurélie enfin, baissant son voile, se jeta dans la voiture. Lucie put échapper dans la foule aux adieux de M. Gavel ; ceux de Mme Delbès la blessèrent par leur froideur. La droite et sincère fille ignorait que l’amour-propre est de moitié dans tous nos sentiments. Elle revint chez elle, douloureusement poursuivie par le souvenir du petit enfant ; car elle est déjà mère dans son âme, la jeune fille qui veut être femme pour vivre et pour aimer.