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bait au fond de l’enclos sous le chaud soleil, portant au bout de ses tiges leur pain quotidien. C’était la première fois qu’ils osaient s’en prendre à leur nécessaire. Mais, les convenances l’exigeant, on ferma les yeux sur l’avenir.

On ne songea pas même que Mourillon venait d’obtenir un jugement par défaut contre M. Bertin pour le payement de 380 francs, dus pour façon des terres depuis trois ans, et pour fourniture de fumier.

Mourillon était de fort mauvaise humeur. Ensuite de tracasseries continuelles et du payement exigé de sa dette envers M. Bourdon, il quittait à la Saint-Michel (29 septembre) la ferme des Èves. Aussi trouvait-il quelque consolation à se venger un peu sur le cousin de son maître, et d’ailleurs il avait grand besoin d’argent.

Quand M. Bertin avait montré à son cousin Bourdon l’assignation envoyée par le fermier, M. Bourdon avait haussé les épaules en disant : Je n’y puis rien ! Il est maintenant tout à fait hors de page. Nous avons fait un traité pour rupture de bail et règlement de compte, où je me suis laissé une fois de plus tondre la laine sur le dos, par pitié pour sa famille. C’est affaire faite, et je n’ai plus maintenant aucune influence sur lui.

Puis, très-brusquement, il avait parlé d’autre chose.

M. Bertin, ne sachant quel remède porter à cette affaire, avait pris le parti de n’y plus penser.

Aussi le jour même où il venait de trouver acquéreur pour sa moisson, tandis que sa femme et sa fille aînée, ébahies d’aise en face d’une promesse de deux cents francs, supputaient leurs achats futurs, et, avec un entraînement timide, ajoutaient çà et là quelque embellissement à leurs projets, furent-ils frappés d’un coup de foudre en voyant entrer un huissier, assisté de deux témoins, qui fit à M. Bertin commandement de payer dans les vingt-quatre