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Cependant les paroles aimables de l’ingénieur, son ton respectueux, ses regards animés, tout en lui dit si flatteusement à Lucie : Vous êtes charmante ! que, malgré qu’elle en ait, elle ne sait comment faire pour être sèche et froide avec lui.

— Je venais aussi, dit M. Bourdon, vous engager à la fête de ma femme, qui a lieu demain. Vous savez, c’est sainte Claire. Mme Bourdon sera étonnée… comme à l’ordinaire. Elle a déjà donné ses ordres pour le repas. Grimaud lira un nouveau quatrain de sa façon et nous jouerons après dîner un joli proverbe. Vous viendrez, n’est-ce pas ?

— Certainement, répond Mme Bertin. Nous ne laisserons pas échapper cette occasion, mon cousin, d’unir nos vœux aux vôtres pour la prospérité de celle qui… qui…

— Eh bien ! je compte sur vous, dit M. Bourdon en se levant. À demain donc. Lucie, tu auras un rôle dans mon proverbe. Adieu, mesdames !

— Comment ferons-nous, dit Mme Bertin à Lucie, pendant que Clarisse est allée quitter la robe prise en l’honneur de M. Gavel, comment ferons-nous, ma pauvre Lucie, pour apprendre à ton oncle que le vin rouge est fini ? Clarisse pourtant ne peut s’en passer. Devant M. Gavel, je n’ai pas osé dire la moindre des choses à cet égard.

— Est-il absolument impossible d’en acheter d’autre ? demanda Lucie.

— Ah ! ma pauvre enfant, que dis-tu ? L’argent de notre foin a passé tout entier en emplâtres, en sirops, en sucre et en flanelle. Puis, il a bien fallu payer le cordonnier pour avoir d’autres souliers. Enfin, il n’y a plus rien que le reste des huit francs que tu as reçus de Poitiers pour tes broderies.

— Je vais en envoyer d’autres, maman.

— Hélas ! tu te fatigues trop. Et puis, est-ce qu’on peut acheter un tonneau de vin rouge avec quelques francs ?