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de nouvelles crises. Jamais cette comparaison de la lampe près de s’éteindre ne fut mieux applicable ! Seulement cette lampe, sachant bien qu’elle mourait faute d’huile, souffrait et gémissait de mourir.

Par un cruel mirage, les plus doux fruits de la vie passaient devant ses regards, et parfois, lasse enfin de désirer tout bas, elle nommait l’objet de son envie. Sa mère alors ou sa sœur ne pouvaient lui répondre que le mot de l’impuissance et de la misère : il n’y en a pas ! ou, ce qui est pire : il y en a, mais pas pour toi !

À côté de ce refus pénible, il y avait encore cependant une ressource, dont Clarisse, à bout de courage et énervée par la souffrance, eût abusé volontiers. C’était de recourir aux provisions variées et inépuisables des Bourdon. Lucie avait à cet égard une répugnance extrême, justifiée non-seulement par un légitime orgueil, mais par la sécheresse de sa tante et de sa cousine qui, loin d’abréger par leur empressement sa timide supplique, l’écoutaient en silence, et y satisfaisaient avec autant de froideur qu’elles en mettaient à faire l’aumône au premier mendiant.

— Comme il fait chaud ! s’écriait la pauvre Clarisse, le lendemain de la visite de Gorin ; on étouffe réellement ! Et elle écarta le petit châle qui recouvrait habituellement ses épaules. Le soleil brûlant d’une après-midi de juillet dardait en plein sur les fenêtres sans rideaux.

— Remets ton châle, s’écria la mère. Tu sais bien que tu tousses plus fort quand tu viens à le quitter. Clarisse ! voyons, pas d’imprudence !

— Mais j’étouffe, te dis-je ! reprit aigrement la malade. Et comme Mme Bertin insistait : À quoi bon d’ailleurs se martyriser ainsi ? dit-elle en pleurant.

Lucie tressaillit, et jeta sur sa sœur un regard douloureux. Mme Bertin joignit les mains avec désespoir ; ni