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— Non, je te remercie. Je rapporterai dimanche le Journal des Demoiselles. J’ai fini de calquer les patrons.

— Ah ! que dis-tu des nouvelles mantilles ! N’est-ce pas que c’est bien gracieux ?

— Oui, mais tu sais, je ne m’occupe guère des toilettes, moi.

— Pourquoi pas ? dit Aurélie avec un peu d’aigreur. C’est toujours amusant. Au moins, tu lis les histoires, je pense ? Comment trouves-tu celle de Blanche ?

— Je l’ai parcourue. Elle me paraît fort bien.

— Oh ! charmante ! s’écria Aurélie d’un air enthousiaste. Il y a de si beaux sentiments ! tant de vertu !

— Il y en a toujours, dit Lucie.

— Tu me parais bien difficile, ma chère.

— Je t’avoue, dit Lucie embarrassée, que c’est un peu comme les toilettes pour moi, car il ne s’agit guère que de jeunes comtesses…

— Voudrais-tu qu’on parlât d’ouvriers ou de paysans ?

Une vive rougeur se répandit sur le front de Lucie, elle répliqua cependant :

— Quant à moi, leur histoire m’intéresserait davantage, les connaissant mieux.

— Oh ! ce sont bien là de tes idées, reprit Aurélie avec un profond dédain. Ce que j’aime dans les histoires de mon journal, moi, c’est que chacun y est à sa place et tient le langage qui lui convient.

— Voici mon oncle et ma tante ! dit Mlle Bertin, satisfaite de cette diversion.

— Que de têtes féminines ! s’écria M. Bourdon en arrivant. Bonjour, mademoiselle Boc ! bonjour, ma nièce ! Comment va ma fille depuis ce matin ? — Il embrassa tendrement Aurélie, puis Lucie. — Eh bien ! mademoiselle Boc, les petites filles de Chavagny, qu’en fait-on ?