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— Allez-y avec prudence, au moins, ma chère demoiselle, et surtout ne me mettez pour rien là dedans. C’est votre idée ; ce n’est pas moi qui l’ai eue, et quant à ce que je vous ai confié, je vous en voudrais bien vivement si…

— Allons ! allons ! vous êtes bien tranquille. Vous me connaissez, et vous savez que, pour rien au monde je ne voudrais vous mécontenter.

— Maman, dit Aurélie qui s’avançait, Justine me prévient que Mourillon est là et demande mon père. Faut-il lui dire que mon père est absent, ou veux-tu lui parler ?

— Ah ! fit Mme Bourdon avec un geste de contrariété, il faut bien que je remplisse cette tâche. Ton père m’a laissé des instructions pour lui. Peut-être vient-il demander de l’argent ? Ces gens-là s’entretiennent à nos dépens avec une effronterie !…

— Vous n’en êtes pas contente ? demanda la Boc d’un ton sympathique.

Mme Bourdon haussa les épaules en poussant un profond soupir :

— Fais dire qu’il attende, ma fille, dit-elle à Aurélie, j’y vais tout à l’heure. Puis se tournant vers Mlle Boc : Cela passe toute mesure ! On a découvert des choses !… (Nouveau soupir.) M. Bourdon est d’une bonté que l’on connaît bien et dont on abuse. Moi, j’ai dit à mon mari : (elle se mit à parler bas en faisant siffler ses mots, la Boc tendait l’oreille) À présent, c’est assez ! Il faut être bon, mais non pas dupe ! Et M. Bourdon m’a répondu : Tu as raison ! Elle pinça les lèvres en hochant la tête un moment, puis elle continua d’une voix plus haute : Ça ne peut pas aller plus loin. Leurs enfants se sont élevés sur nos terres ; nous avons nourri toute la famille pendant six ans ; on ne peut cependant pas jeter éternellement de l’argent dans ce gouffre. Il doit plus de mille francs ! souf-