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ronne. Ils n’ont pas pris racine aux Èves, et à la fin les meilleurs se lassent. M. Bourdon les tient dans sa main.

— Au reste, mam’zelle, ça n’est point Cadet, allez, que veut la Gène Bernuchon.

— Serait-ce point Michel ?

— Hum ! quand je vous dis ! Elle n’a que ça en tête. Mais tout de même elle y perd son temps.

— Pourquoi donc ? Est-ce que Michel regarde ailleurs ? C’est un garçon qui ne me va pas ; il est plein de prétentions ridicules. N’a-t-il pas osé tenir tête à M. Bourdon ? poliment, c’est vrai, mais d’une manière tout à fait extraordinaire. Je vous ai bien dit qu’il avait refusé la place de premier jardinier, une place superbe, et qui le mettait à l’aise pour le reste de ses jours…

— Oh ! pour ce qui est de Michel, je ne veux rien dire, mais on voit des choses ! Non ! non ! sur mon âme ! enfin ! enfin !

— Contez-moi donc ça.

— Oh ! mam’zelle ! Voyez-vous, si vous saviez ce que c’est… j’aurais seulement honte de le dire !

— Vous êtes une dissimulée. Ça n’est pas bien, Touronne. Moi qui vous aime !

— Quand ça serait pour mourir, voyez-vous, je ne saurais. Une chose qui ne peut pas se croire ! Pourtant, on a des yeux.

— Allons, dites-le-moi, m’amie. Est-ce que vous vous défiez de moi ?

— Non, Seigneur ! mam’zelle Boc. Mais vous vous fâcheriez, et bien sûr que vous ne me croiriez pas. D’ailleurs, qu’ai-je vu, moi ? Rien du tout, et s’ils font du mal, n’en sais rien.

— Oh ! vous êtes trop secrète, aussi ! On ne vous dira rien non plus. Ça n’est pas bien, ma chère amie. Si j’étais une bavarde, à la bonne heure !