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tous vos ennuis, tous vos chagrins, afin que si la force et la volonté d’un homme sont bonnes à quelque chose, vous n’ayez pas de peine longtemps.

— Je ne puis vous promettre cela, dit-elle en rougissant.

— Pourquoi ? pourquoi ? Ah ! tenez, vous êtes fière avec moi. Vous voulez bien être mon amie, me faire du bien, mais vous ne voulez pas que je sois votre ami.

— Non, Michel, vous êtes injuste. J’accepte votre amitié comme je vous donne la mienne ; mais vous ne pouvez pas, vous ne devez pas vous dévouer tout à moi. L’amitié ne doit pas absorber toute la vie.

— Je ne me marierai jamais ! s’écria-t-il.

— Oh ! dit-elle en se levant avec trouble et confusion, vous me disiez le contraire l’autre jour.

— Il y a longtemps !

— Non, c’était…, je ne me rappelle plus, mais il n’y a pas longtemps… Bonsoir, Michel.

— Vous vous en allez déjà ? Mam’zelle Lucie, demain soir, si vous voulez, je vous raconterai ce que m’aura dit M. Bourdon.

— Oh ! mais… ce ne sera rien de bien important.

— Ah !… comme ça… c’est donc adieu qu’il faut se dire ?

L’accent de Michel était si chagrin, que Lucie hésitait à répondre adieu, quand du côté de chez les Touron un cri perçant se fit entendre.

— Qu’est là ? dit la jeune fille.

Et, suivie de Michel, elle se rendit, par une allée transversale, jusqu’au mur qui borde le chemin, où elle s’arrêta, vis-à-vis de la porte des Touron, derrière un bouquet de sureaux.

La porte des Touron était ouverte, et plusieurs personnes en sortaient tumultueusement.