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échappé belle, car pour un d’eux, il n’en allait pas moins que des travaux forcés.

— N’étaient-ils pas trois ? demanda Lucie.

— Il y avait aussi Michel ; mais, dans tout cela, il s’est conduit très-noblement, et loin d’être coupable, il mérite notre reconnaissance et nos éloges.

— Est-il bien sûr, mon oncle, que cette affaire n’aura pas de suites ?

— Assurément. Le juge de paix, tu le sais, est un de mes bons amis, et il a prêté les mains à tout arranger du mieux possible. On dira dans le pays que les témoins interrogés n’ont pas fourni des preuves suffisantes. Voison, chez lequel j’ai passé hier en revenant de Gonesse, jure à qui veut l’entendre qu’il n’a rien vu, comme d’ailleurs il avait l’effronterie de me le soutenir à moi-même.

— Et les petits bergers ? demanda Lucie.

— Oh ! oh ! vous êtes fort instruite, ma belle. Qui donc vous en a dit si long ? Eh bien, les deux petits bergers, dont l’un est le fils de Voison, et l’autre son neveu, auront eu les oreilles tirées d’importance, afin de leur persuader qu’ils auraient mieux fait de ne rien voir, et afin de brouiller convenablement toute l’histoire dans leur cervelle.

— Ainsi Cadet et Jean sont libres ? dit la jeune fille.

— Ils le seraient ; mais à de certaines conditions. J’attends ici Mourillon pour en causer avec lui. J’aurais aussi voulu voir Michel ; mais il paraît qu’il s’est caché sottement comme les autres.

— Je lui ferai savoir, mon oncle, que vous le demandez.

— Ah ! décidément ce garçon-là est de tes amis !

— Oui, répondit-elle en courbant son visage sur une touffe de roses.

— Prends garde, pourtant. Vous n’êtes plus d’âge à