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toujours la voix, et qui semblait parler à la porte. Si c’est pas un incendiaire, faut que ça soit quelque fille dégourdie qui ne dort non plus que les chats au printemps.

— Qu’entend-il dire par là ? reprit sa femme.

— Parions une chose ! dit Touron qui mit la main sur le loquet de la porte et l’entrouvrit.

Le cœur de Lucie battait à peine. Elle fit un pas toutefois ; car, plutôt que de se laisser prendre honteusement au fond d’une cachette, elle voulait se présenter à eux en disant : Je suis chez moi ! Que venez-vous faire ici !

Heureusement elle n’eut pas besoin d’en venir là. Soit couardise, soit que son intention fût uniquement d’effrayer Mlle Bertin, le tailleur referma la porte en disant :

— Bah ! il faudrait de la lumière.

À ce moment, dans la direction de la fenêtre, s’éleva un cri plaintif et lugubre qui retentit longuement dans l’air de la nuit.

— C’est la chouette ! dit Jeandet en frissonnant. Allons-nous-en vite !

— Oui ! oui ! c’est mauvais signe, dit la Touron. Que diantre faisons-nous là, proche de minuit ? Viens, mon homme.

— Allons-nous-en ! Allons-nous-en ! répéta Jeandet dont les dents claquaient, moitié de peur et moitié de froid. M’man ! dit-il en baissant la voix, si c’était un revenant que mon père a vu ?

— Parle pas de ça, Jeandet, ça fait venir la chair de poule.

Un second cri semblable au premier s’étant fait entendre, la Touron et son fils regagnèrent leur logis en courant. Resté seul, le tailleur se décida bientôt à les suivre, atteint par un troisième cri funèbre, au moment où il passait le seuil de sa maison.

— C’est fini ! ils ont verrouillé leur porte, dit Michel