Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/242

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quoi, par des sentiers elles revinrent dans la prée, en regardant tout autour d’elles ; et, tournant le jardin, elles se rendirent près de la maison, du côté du nord. Là donnaient des chambres inhabitées, aux fenêtres desquelles nombre de vitres manquaient. Lucie passa le bras par l’une de ces ouvertures, ouvrit la fenêtre et sauta légèrement dans la chambre.

— Eh bien ! qu’est-ce que tu fais ? dit Mme Bertin, qui se trouvait là cherchant du linge dans une armoire.

À cette voix, le pain que tenait Gène glissa de ses bras dans une touffe d’orties sous la fenêtre.

— Ah ! répondit Lucie, un peu tremblante, vois-tu, maman, c’est que Gène me disait qu’on pourrait, la nuit, entrer chez nous par ces fenêtres, et j’ai voulu voir……

— Oui, sans doute, on aurait bien besoin du vitrier, dit Mme Bertin en se dirigeant vers la porte, une pile de serviettes sur le bras. J’espère que tu rentres enfin, Lucie ? D’où viens-tu donc ?

Mais comme elle fermait la porte au même instant, Lucie fut dispensée de répondre.

— Vile ! à présent, dit-elle en se tournant vers son amie, donne-moi le pain.

— Si votre mère allait rentrer, observe Gène tremblante.

— Il n’y a pas de danger. Maman n’entre ici que deux fois l’an. Donne vite !

— Où cachez-vous cela ? demande la jeune paysanne qui vient de sauter dans la chambre à son tour.

— Dans ce cabinet plein de vieilles ferrailles.

— Oh ! votre père aura besoin aujourd’hui de quelque clou.

— Vois ! dans ce coin obscur, où il n’y a rien.

Elles se regardent en souriant.