Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/216

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ne veux pas non plus en entendre parler. C’est une bêtise, je le sais ; tout le monde déjà s’en gausse… mais ! c’est plus fort que moi. Viens, Michel, viens ! il en sera ce qu’il pourra.

Ils entraînèrent Jean et s’enfoncèrent dans le bois.

Voison alors descendit dans le chemin pour aider l’ingénieur à relever son cheval et sa voiture. Le sang coulait à flots de la blessure de Gemma, et l’œil voilé du noble animal annonçait une souffrance cruelle ; peut-être était-il mortellement frappé ; en tout cas, il ne pouvait continuer sa route, et il fut convenu que Voison l’emmènerait chez lui, où M. Gavel le ferait soigner, tandis qu’un des chevaux de la ferme traînerait la voiture jusqu’à Gonesse. Tout en s’occupant du cheval, Voison se répandait en doléances qu’il aiguisait en questions.

— Seigneur Dieu ! comment ça se peut-il faire ? Un gars comme Cadet Mourillon, qui n’est point affronteur ! et Michel adonc, un peu vif, mais bon diable ! Est-ce qu’ils avaient aussi battu Jean, qu’il semblait malade ? Bon Dieu ! jour de Dieu ! jamais pareille chose ne s’est vue ! Est-ce qu’il vous a donné beaucoup de coups de fouet ? Allons ! allons ! vous pouvez dire qu’on vous a rudement traité pour un monsieur ! et m’est avis que vous devez être en belle colère ? Faut croire tout de même que vous leur aviez fait quelque chose, est-ce pas ? Moi, j’ai pas vu le commencement ; les drôles sont venus me quérir, disant qu’on se tuait par là, et d’arrivée j’ai vu Cadet qui vous sanglait le museau, après ça que vous lui avez f… une pierre, une belle pierre, ma foi, que si elle l’avait joint, il ne s’en relevait pas ! oui, c’est tout ce que j’ai vu. Mais pour quant au cheval, il en a reçu-z-une de rude, allez ! allez ! C’est tout de même point un assassinat, puisque c’te pauvre bête est pas un chrétien. Enfin, j’aurais pas cru voir pareille chose de mes jours ! non ! non…