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promettre de faire tous ses efforts pour éloigner d’elle cet amour.

— C’est une horreur, messieurs, disait sous la fenêtre une voix avinée, que Lucie reconnut pour celle de Mourillon, insulter une petite comme ça, si jeune ! et qui n’a pas plus de malice que l’enfant à naître ! Oui ! c’est une horreur ! et ceux qui ont dit ça feront connaissance avec mon poing, foi de Mourillon ! Ou ben, je vas plutôt devant le juge.

— Bah ! c’est des bêtises ! des propos de cabaret, allégua M. Bertin.

— Il vaut mieux laisser tomber ça, mon vieux, dit M. Bourdon.

— Non point ! not’ maître, non point ! si je soutiens pas mes filles, moi, qui c’est-il donc qui les soutiendra ? Une petite fille qui a pas seize ans ! Mon Dieu ! mon Dieu ! quand je vous dis, c’est abominable, quoi !

— Es-tu seulement bien sûr d’avoir entendu ça ? reprit M. Bourdon.

— Oh qu’oui ! parguiéne ! not’ mossieur ; un père a des oreilles. Je dis pas que j’aie pas bu un peu, non, je mentirais ; mais je suis pas saoul, au moins, à preuve qu’il y en a-t-un là-bas qui a senti ce que mon bras pèse, allez ! Je vas seulement voir où est Lisa, et puis j’irai me coucher, puisqu’ils ont fermé la porte ; mais je les retrouverai au moins ! Elle est là dedans qui danse, pas vrai, not’ monsieur ?

— Je n’en sais rien, répondit M. Bourdon ; je ne l’ai pas vue.

— Ni moi non plus, dit M. Bertin.

— Avez-vous entendu, Michel ? demanda Lucie.

— Non, mam’zelle Lucie. Qu’est-ce que c’est ? Elle n’eut pas le temps de l’en instruire, car c’était à leur tour de figurer la pastourelle. Presque au même instant, elle