Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/177

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— Et sa robe de soie ! elle se tiendrait, ma foi, debout toute seule quand on la poserait par terre.

— Et ses bagues !

— Tout de même elle est laide là-dessous comme un chardon.

— On dirait que Michel ose pas la regarder.

— Elle le regarde ben, elle !

— Ma foi, c’est un gentil gars !

— Faut qu’il soit guère intéressé pour vouloir pas de cette fille-là, si riche.

— Bah ! Peut-être qu’il se ravisera.

Gène, pendant ce temps, disait à Lucie :

— Vous voilà bien étonnée, mam’zelle, de me voir ici en la compagnie de la fille à Martin. La première fois que le devin est venu chez nous, il a tant dit que sa fille voulait être à la ballade, mais qu’elle ne connaissait personne à Chavagny, tant qu’enfin mon père l’a invité à nous l’amener, disant qu’elle irait à la ballade avec moi. Ce matin ils sont arrivés. Savez-vous, mam’zelle Lucie ? elle n’e vas venue que pour voir Michel.

— On m’a dit cela, répondit Lucie. Crois-tu que Michel en soit content ?

— Regardez-le, fit Gène d’un air de triomphe. Il danse avec elle par complaisance et bonne amitié seulement, mais ça l’ennuie. Pour savoir ce que pense Michel, il n’y a qu’à le regarder. Soyez tranquille, mam’zelle Lucie, il ne se mariera jamais avec la Martine.

— Que je sois tranquille ! dit Lucie d’un ton de marquise : et qu’est-ce que cela me fait ?

Gène devint toute rouge.

— Ça me fait quelque chose à moi, répondit-elle, qu’il y ait chez nous un garçon assez brave pour ne pas songer par-dessus tout aux écus. Il n’y en a pas tant comme ça, voyez-vous, ni parmi les paysans, ni parmi les messieurs.