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Nous donnons ci-dessous le manifeste que nous avons annoncé[1] concernant la revendication des droits de la femme :

Le droit, depuis la Révolution, a changé de base. En face du prétendu droit divin et de toutes ses délégations, s’est posé le droit humain qui les abolit.

La justice est fondée sur une réalité vivante, indéniable, à la fois complète pour le présent et progressive pour l’avenir : l’individu.

Au milieu des encombrements de l’ordre ancien, perpétué par l’ignorance, malgré les résistances des vieux dogmes, du vieil esprit, des faux intérêts et l’influence des vieilles mœurs, les conséquences du droit nouveau se produisent peu à peu dans les esprits et dans les faits.

L’esclave d’Amérique, émancipé par la guerre civile, devient citoyen.

Les travailleurs, ligués pour la revendication de leurs droits, entrevoient déjà le jour où ils arriveront à la répartition équitable des produits, tant intellectuels que matériels, auxquels ils contribuent pour une si large part. Mais la justice ni la paix ne peuvent exister dans le monde tant que la plus grave des iniquités sociales n’aura pas disparu. Cette iniquité, c’est la servitude de la femme, privée par les lois et par la société de la possession du droit individuel. Il est temps qu’à son tour elle revendique sa liberté. Il est temps de reprendre une question laissée en suspens depuis le jour où Condorcet la posa devant l’Assemblée Constituante, et de la reprendre avec assez de droiture, de persévérance et de fermeté, pour que, jusqu’au jour de la solution, elle ne puisse plus être étouffée.

La femme est-elle un individu ? un être humain ?

  1. Note wikisource : à la fin de l’article Les Séances du Vauxhall sur le travail des femmes