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Je ne pus m’empêcher de hausser les épaules en disant :

— Je n’ai rien fait de méritoire ; mais mon père et ma mère, deux êtres des plus respectables et des plus respectés, quand ils étaient en ce monde, n’ont pas à se plaindre de ce que j’ai pu ajouter à l’idée qu’éveille leur nom.

— Sont-ce les préjugés de noblesse qui vous retiennent ?

— Je ne les ai point.

— Mais alors, voyons,… le mariage vous effraye ?

— Il y a quelques jours encore, oui. Mais je suis rentré ce soir, brisé de regrets. J’aime Blanche. Elle porte dans ses yeux quelque chose du ciel ; je ne puis pas ne pas croire en elle. Je suis las et découragé… elle est le seul être qui me fit trouver du bonheur à vivre… jamais je ne me consolerai de l’avoir fait souffrir et je voudrais…

J’étais si ému que je ne pus achever. Tu me comprendrais, Gilbert, si tu voyais cette adorable enfant, dont la divine franchise et la radieuse innocence m’ont rajeuni le cœur de plusieurs années. Et ne vient-elle pas de montrer une énergie de sentiment qui dompte tous mes doutes, et soumet toutes mes réserves ? Ah ! puisqu’elle aussi prend l’amour pour Dieu suprême, qu’elle ne craigne pas pour son avenir, elle sera aimée !

Tu devines qu’après m’être laissé entamer jusque-là, je ne pus me dégager de la tante Clotilde, et que, lorsqu’enfin elle aborda le chapitre de la fortune, mon silence lui révéla le motif qu’elle cherchait. Ce lui fut matière à de vives exclamations :