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— N’êtes-vous pas fatiguées d’être assises ? s’écria-t-elle en s’adressant à Édith et à Clotilde, marchons un peu.

Elle se levait comme j’arrivais en face d’elle.

— Ah ! vous voilà ! dit-elle alors d’un petit ton insouciant.

Le cœur serré, je lui offris le bras sans répondre, après avoir salué les autres dames, qui nous suivirent.

Blanche gazouillait des riens charmants ; je l’écoutais et lui répondais à peine. J’entendis la tante Clotilde derrière nous qui disait :

— Notre amoureux paraît triste ce soir.

À quoi mademoiselle Édith, tout d’abord, ne répondit rien, ce qui est sa manière de causer la plus habituelle. Quelquefois cependant elle parle d’or ; car un moment après elle se mit à dire :

— Nous les gênons.

Et elles s’arrêtèrent.

De son petit ton de reine Titania :

— Vous n’êtes donc pas aimable tous les soirs. Monsieur, me demanda ma charmante compagne.

— Je suis comme tout le monde, ma chère Blanche, quand je souffre je ne ris pas.

— Vous souffrez ! s’écria-t-elle, et ses deux mains se croisèrent sur mon bras, et, tendant vers moi son doux visage, triste, inquiet :

— William ! oh ! qu’avez-vous ?

Nous étions seuls. Je ne pus lui répondre que par un baiser, qui pour mon âme était un baiser d’adieu, et j’éludai ses questions. Elle n’eût pas compris mes scru-