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sait l’attirer à soi. Mon cher petit enfant, et ceux qui, je l’espère, me viendront encore, élevés avec les autres, leur garantiront ma sollicitude et mon indulgence, et partageant ainsi avec les enfants des pauvres le don le plus précieux de l’égalité, ils en auront, je crois, le cœur plus large. Et ce qu’Édith et moi nous aurons fait de bien retombera sur eux en bénédiction.

Nous avons une si ferme volonté d’accomplir cette œuvre, que je suis sûr que nous l’accomplirons. Mais nous avons à lutter encore avec bien des préjugés et surtout avec cette morale officielle, triste oripeau, qui recouvre tant de dissolution. Sans parler de la prière, à laquelle il faudra sans doute nous soumettre, mais qu’Édith rédigera, il nous faudra triompher de ces malsaines préoccupations qui séparent dans l’école ceux que Dieu a mêlés dans la famille. Nous ne sommes pas de ceux qui confondent l’enfant avec l’homme et qui osent souiller son innocence de leurs précautions ignobles. Dans notre école, garçons et filles seront confondus comme ils le sont dans la vie, et parce qu’il est absurde de séparer ceux qui doivent être plus spécialement unis et parce que la science et la vérité sont les mêmes pour tous.

Si tu veux rester avec nous, comme je l’espère, apporte ton piano ; la musique nous manque. Tu seras heureux d’accompagner quelquefois la belle voix d’Édith, et puis tu nous enlèveras dans ces hautes régions où la musique transporte ; tu parleras la langue de l’infini à ces pauvres gens courbés vers la terre, et rempliras de vagues désirs leur âme endormie.

Tu me demandes des nouvelles de tous ceux dont au-