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aux yeux de ceux qui m’ont vu partir avec tant d’envie. J’ai préféré l’honneur à la fortune, ce devrait m’être une gloire pourtant ; mais j’ai bien peur qu’on ne m’en sache pas gré. Les hommes sont impitoyables. On ne verra en moi qu’un maladroit.

Non, je ne me consolerai jamais de cet échec, vois-tu ; il y a de quoi m’emplir l’âme d’amertume pour la vie entière. Je suis si furieux d’avoir été trompé, que je ne veux plus croire à rien.

Mme Léon va t’expédier la corbeille, je t’envoie les pistolets. Et les diamants de ta mère, qui sont en dépôt chez Delage, ne les veux-tu pas ? Vu le peu que tu possèdes, nous n’avons pas fait trop largement ; mais ces diamants à eux seuls composent un cadeau princier, qu’il ne serait peut-être pas prudent de confier aux messageries. Dis-moi tes intentions à cet égard.


CINQUANTE-HUITIÈME LETTRE.

WILLIAM À GILBERT.

3 janvier 1847.

Mon ami, console-toi ; tu n’as perdu que de l’argent ; des biens infinis te restent. Oh ! mon cher Gilbert, aime, il n’y a pas au monde d’autre joie. Il n’y a pas d’autres splendeurs, pas d’autre réalité. Quand je songe à vos ambitions, vous me semblez fous ; je ne puis vous comprendre. Si tu savais ce que c’est qu’un bonheur immense en soi et qui se sent l’infini pour carrière ! Il est vrai qu’elle seule peut inspirer un tel amour et le remplir de pareils ravissements ; et cependant aimer, ce doux et magique