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de la convaincre ; mais elle est si peu habituée au moindre travail d’esprit, que je vis son attention s’égarer en m’écoutant, et, quand j’eus cessé de parler, elle sembla seulement embarrassée, me dit qu’on était injuste envers les prêtres, qu’elle en connaissait de très-bons, que ceux-ci n’étaient pas coupables des actions des autres, et que M. Camayon, en particulier, l’un des grands vicaires…

— Eh ! s’agit-il de personnes ? dis-je avec humeur.

— Mais oui, Monsieur, c’est de personnes qu’il s’agit, et de la vôtre plus que vous ne pensez ; car il faut absolument, et je le veux, que vous soyez aimable, très-aimable, au dîner de monseigneur.

— Ma foi, je pourrais bien n’y pas assister.

— N’y pas assister, William ! s’écria-t-elle en fixant sur moi ses beaux yeux agrandis par l’étonnement ; si vous faisiez cela,… je ne croirais plus que vous m’aimez…

— Quoi ! notre amour a quelque chose à voir avec cet évêque ? Ah ! çà, quelle plaisanterie…

— C’est que vous ne savez pas, Monsieur, que nous voulons obtenir la protection de l’évêque pour vous, afin que vous ayez une place et que nous puissions enfin nous marier.

Ce fut à mon tour d’ouvrir les yeux.

— Ah ! m’écriai-je après le premier moment d’une véritable surprise, on fait aussi de ces complots-là au Fougeré ?

— Eh bien ! qu’ont-ils de coupable ?

— Rien, si ce n’est, ma chère enfant, que vous ne com-