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et, comme il est d’usage, — bien mal à propos, il me semble, — ils riaient de Jean Biroux et louaient presque le vaurien, qui s’amusait aux dépens de sa confiance et de son honneur.

Ce garçon partit un beau jour. Un autre vint à sa place, et les mauvaises langues ne jasèrent pas moins sur celui-ci que sur l’autre ; et ce fut de même pour les suivants. Quand une fois la réputation d’une femme est entamée, c’est comme une brèche dans un mur ; cela s’élargit de plus en plus et tout y passe, les suppositions comme les vérités. Mais il est juste de dire aussi que, le premier pas fait, généralement, on regarde moins au second, et encore moins au troisième. Enfin, les propos s’en donnaient à l’aise sur la meunière de la Milatière, et, comme d’habitude, Jean Biroux ignorait la chose et portait, sans trop le sentir, la peine de son égoïsme et de ses mauvaises façons, quand, pris d’une fièvre maligne, il mourut, laissant Marianne Biroux maîtresse du moulin et l’une des plus riches veuves du canton ;