Page:Leo - Legendes correziennes.djvu/121

Cette page n’a pas encore été corrigée

Qui fut là-dessus penaud ? ce fut le vilain homme ; et il la vit si méprisante, si décidée à tout, dans l’horreur qu’elle avait de lui, qu’il finit par lui demander en grâce de ne dire mot à Baptiste, et de ne point l’empêcher de quitter le pays, moyennant quoi lui ferait tout pour la rendre heureuse. Mais il n’en put obtenir d’autres paroles, sinon qu’elle soignerait les petits en bonne mère, et qu’elle connaissait son devoir. Il l’aurait bien battue ; mais elle ne s’en souciait, et voyant cela il ne le fit pas.

Quelques jours après, Baptiste était de retour. Il y avait seulement la longueur d’une rue entre la maison des Bénot et celle du tailleur ; je vous laisse à imaginer ce que ressentaient nos pauvres gens, quand ils venaient à passer l’un devant l’autre. La première fois ils voulurent bien se saluer, comme on doit toujours faire entre connaissances, mais la voix leur manqua dans le gosier, et les jambes leur tremblaient si fort qu’ils eurent seulement grand’peine à pouvoir s’éloigner chacun de son côté.