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les arbres, du haut en bas, furent tout parés de verdure, et que la fleur des pommiers s’épanouit, les roses revinrent aux joues de Mélie, en même temps qu’aux églantiers. Si le chagrin est une force, la jeunesse en est une aussi, et comme celle-ci vient de Dieu, il n’est pas étonnant qu’elle soit plus vigoureuse que l’autre et prenne le dessus.

La misère, pendant ce temps, était chez les parents de Mélie. Eux qui avaient déjà tant de peine à passer l’hiver, la maladie de leur fille les avait réduits au dernier lard ; outre la perte du gan qu’elle faisait avec son aiguille, il avait fallu recourir au médecin et au pharmacien, puis, faire un peu de bouillon, acheter du pain blanc et cent petites choses, qui sont grosses pour les pauvres gens. Ça n’empêcha point que le père Chérin ne restât sans ouvrage pendant deux mois. De manière que, sans le tailleur, qui se fit leur bon ami et leur prêta de l’argent, le pain aurait manqué dans la huche, en