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ne mangeant et ne dormant guère, il fallait bien qu’elle arrivât au bout de ses forces. Un jour donc, ses jambes refusèrent de la soutenir et elle se coucha, croyant ne jamais se relever : et vraiment elle fut bien mal pendant plus d’un mois. Je la vois encore, les dents serrées, ne prenant aucune nourriture, l’œil mort, et n’ayant plus la tête à ce qui se passait autour d’elle. Ce fut peut-être ce qui la sauva. L’esprit parti pour on ne sait où, le pauvre corps, lui, ne demandant qu’à vivre, se ranima, et jeunesse aidant, la mort lâcha prise. Mais lorsque la connaissance lui fut revenue, Mélie regretta de se voir encore de ce monde. Elle fut tout le restant de l’hiver à se remettre, et si pâle, si triste, qu’à la voir seulement on avait le cœur navré.

Pourtant, quand les vents doux et chauds soufflèrent des montagnes, que les ruisselets grossis se mirent à courir, et que les petites fleurs se montrèrent d’abord à l’abri des haies, puis dans les bois et les prés ; quand