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Feuilleton de la République française
du 30 décembre 1871

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LES FILLES PAUVRES

L’INSTITUTRICE[1]


Dans l’existence si étroite et d’abord si douloureuse de l’institutrice et de sa mère, peu à peu les angles aigus s’émoussèrent ; les privations devinrent moins sensibles ; le souvenir de la vie passée peu à peu devint moins présent, et la vie présente prit forcément plus d’empire. On se cuirassa contre les désagréments ; on se plut aux avantages. Le petit jardin fut pour Sidonie la source de doux plaisirs ; elle y cultiva des fleurs qu’elle aimait, des légumes qui aidaient à l’entretien du petit ménage. En de telles conditions, l’existence matérielle devient un but, peu enivrant sans doute, bien insuffisant, mais qui pourtant remplit ce premier besoin de l’esprit humain d’avoir un but à atteindre,

  1. Voir la République française depuis le 26 décembre.